La séparation

Il me faisait les yeux doux depuis 6 mois,

j'ai fait le premier pas à la toute fin du printemps 2008

et nous avons commencé notre vie commune

lors d'un mariage en juin 2008.

C'est sûr qu'il avait du caractère :

il n'a pas été facile à conquérir.

Pour sa défense il faut dire qu'il était capable de tout.

Il se pliait à toutes mes exigences en intérieur
comme en extérieur,

par beau temps et par mauvais temps, 

qu'il fasse très chaud ou très froid.

Avec lui il n'y avait pas de problème :

que des solutions.

Je proposais il s'adaptait.

Pourtant j'en ai connu d'autres avant lui,

j'ai eu de grandes passions,
parfois particulièrement intenses.

Mais avec lui c'était une autre dimension,

tout a toujours été plus fort, plus loin.

Tout lui était accessible,
il était d'une puissance incroyable :

une main de fer dans un gant de velours.

Il aimait l'obscurité,
il avait dans ses moments là un grain harmonieux.

Il voyait quand moi je ne pouvais
que distinguer les choses.

 Parfois accroché à mon épaule,
à d'autres moments posé sur ma poitrine,

il me rassurait car je savais qu'il ferait face.

A nous 2 nous étions une sacré équipe !

Combien de fois j'ai reçu des compliments grâce à lui.

60000 mille fois
je lui ai demandé du bout de mon index droit 

de faire à la micro seconde son travail :

il n'a jamais refusé.

Nous étions un couple mixte :

le noir et le blanc.

Pas besoin de Pacs, pas besoin de bague, 

pas de mariage, pas de témoin

car les témoins c'était nous.

Il avait une double mémoire, 

il tenait de très grandes cadences
pendant de longs moments,

son autonomie était incroyable.

Je prenais du ravitaillement pour lui au cas où,

mais ce n'était jamais nécessaire.

Et puis il avait un œil incroyable : clair, franc.

Nous regardions toujours tous les 2
dans la même direction.

Sans lui maintenant je suis orphelin.

Il était le prolongement de mon regard :

mes mains sont vides,
mon regard est trouble loin de lui.

Ils sont venus à 3 pour t'enlever

mercredi 13 février vers 16h15

au studio Pose T.

Je n'ai rien pu faire, je ne t'ai pas vu partir,

j'avais fait ta toilette 1 heure avant.

J'ai peut-être été moins vigilant 

mais la veille j'avais eu une mauvaise nouvelle,

mon esprit n'était pas aussi clair.

Tu étais magnifique, 

mon nom est gravé dans ta mémoire.

Heureusement,
j'ai sauvegardé tous les grands moments 

que nous avons passé ensemble.

Surtout de grands moments de joie, de bonheur,
des mariages, des naissances, des bébés,
des familles, des amoureux.

Des personnes se sont embrassées devant nous, 

certaines se sont même déshabillées sous nos yeux.

Nous avons inspiré confiance

et nous avons donné beaucoup de bonheur...

pour toujours.

Toi le prolongement de mon œil, 

toi mon Nikon D3 tu ne m'a pas quitté :

tu m'as été volé.

Photo : Rémy Custodio